Interopérabilité vs Intégration : Une Révolution pour la Santé Numérique

DSIH : Votre partenariat avec Health-Comm semble être une avancée majeure pour les établissements de santé en France. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Christophe Le Dantec : Absolument ! Nous avons renforcé notre partenariat avec Health-Comm en France, qui assure désormais l’exclusivité de la distribution et du support de l’offre EAI Cloverleaf pour le monde public. Les établissements et éditeurs utilisant Cloverleaf ont accès à l’ensemble du catalogue INFOR Cloverleaf et FHIR, assurant la pérennité de leurs investissements. De plus, les acteurs de cet écosystème bénéficient de l’accompagnement d’experts Health-Comm certifiés Cloverleaf depuis 20 ans. Ils ont déjà déployé une vingtaine de solutions FHIR depuis 2023, notamment dans des Hôpitaux Universitaires en Allemagne. Ce partenariat accélère l’industrialisation des échanges de données en standardisant les flux souvent développés en urgence, mais parfois peu sécurisés et mal documentés.

DSIH : Pourquoi est-il essentiel de différencier intégration et interopérabilité pour industrialiser la digitalisation en santé ?

Christophe Le Dantec : L’intégration connecte les systèmes d’information hospitaliers pour échanger des données via des interfaces spécifiques (HL7 v2, CDA, DICOM, etc.). Elle dépend des spécificités de chaque système, entraînant des coûts élevés et une maintenance complexe. Trop souvent, on confond l’interopérabilité logicielle, qui concerne ses interfaces, avec l’interopérabilité industrielle, qui organise et standardise l’accès aux données. L’interopérabilité industrielle est une révolution. Elle ne se limite pas à connecter des systèmes, mais garantit une compréhension mutuelle des données grâce à des standards ouverts comme FHIR. Cela favorise une interopérabilité fluide, sécurisée et évolutive, réduisant la dette technique et la dépendance technologique.

DSIH :  Comment cela se concrétise-t-il pour les établissements français ?

Jérôme Lespagne : Nous avons l’opportunité de transformer l’interopérabilité en France. La standardisation des flux accélère l’urbanisation des données au sein des SI de santé et rend les équipes informatiques hospitalières plus autonomes.

Nous proposons une suite FHIR complète avec un FHIR Bridge, un entrepôt de données FHIR et une plateforme iPaaS industrielle (Infor OS). FHIR Bridge facilite l'interopérabilité en traduisant 150 types de ressources (Patient, Praticien, Diagnostic, etc.), chacun comportant 400 champs, soit 60 000 traductions standardisées. Il génère également des bundles (paquets) combinant ces ressources pour répondre à des cas d’usage précis, optimisant ainsi l'intégration des données de santé.

DSIH : Quels sont les bénéfices concrets pour les établissements et la recherche en interopérabilité ?

Christophe Le Dantec : L’interopérabilité avec FHIR apporte trois avantages majeurs. D’abord, les professionnels de santé accèdent en temps réel à des données standardisées et exploitables immédiatement. Ensuite, la recherche clinique bénéficie d’un modèle de données complet avec FHIR, qui alimente à la fois les besoins cliniques et la recherche, avec des modèles comme OMOP ou CDISC pour les études cliniques. Enfin, l’accès simplifié aux Real-World Data (RWD) accélère les études observationnelles pour les CROs.

DSIH : Quels sont les prochains défis ?

Jérôme Lespagne : L’interopérabilité doit être perçue comme un levier de transformation. Il faut accompagner éditeurs et établissements dans la maîtrise et la sécurisation des échanges de données.

Christophe Le Dantec : L’avenir de la santé repose sur une gestion intelligente des données. Avec Cloverleaf et FHIR, nous facilitons l’accès aux données et préparons l’ère de la médecine personnalisée.